Si tu t’es déjà renseigné sur certaines pédales vintage, tu as sûrement dû entendre parler de positive ground, de brancher la pédale en premier après la guitare, ou encore de les alimenter uniquement par pile. Dans cet article, on va t’expliquer d’où viennent ces règles, et comment faire pour utiliser une pédale d’effet vintage de manière optimale.
l’alimentation des pédales vintage et le positive ground
qu’est ce que le positive ground ?
Les premières pédales d’effets ont commencé à apparaitre dans les années 60. A cette époque, le germanium était largement utilisé pour la fabrication de transistors, avant l’utilisation du silicium qui présente de nombreux avantages supplémentaires. On a donc naturellement vu apparaitre les premiers circuits de pédales avec des transistors germanium. Ces transistors étaient à l’époque plus faciles à produire en format PNP, c’est à dire fonctionnant avec un courant négatif sur leur base.
Transistor NPN et PNP.
Une des particularités des transistors PNP est que l’on doit utiliser une alimentation négative pour obtenir ce courant négatif. L’idée est de prendre comme tension de référence la borne positive de l’alimentation dans tout le circuit, et de considérer que la borne négative est donc une tension négative de -9V.
Rangemaster original avec transistor germanium PNP, et version modifiée avec un transistor silicium NPN. Source : Electrosmash.
Ça ne parait pas intuitif, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une tension a toujours besoin d’être exprimée par rapport à une référence. Dans une pile 9V, dire que la borne (+) fait 9V n’a pas de sens. La bonne formulation serait de dire que la borne (+) est de 9V supérieure à la borne (-). On peut donc très bien considérer que la borne (+) est notre référence (0V), et dans ce cas, la borne (-) est 9V en dessous, donc à -9V.
En gros, dans le premier montage, la pile est connectée dans le sens inverse par rapport au second montage. Chaque pédale ayant sa propre pile, elles sont donc isolées les unes des autres, permettant à chaque pédale d’avoir sa propre référence.
La pile de gauche est référencée par rapport à sa borne (-). On obtient donc +9V sur sa borne (+). La pile de droite est référencée par rapport à sa borne (+). On obtient donc -9V sur sa borne (-). Brancher une pédale positive ground avec une pédale negative ground revient donc à connecter les deux piles comme dans le schéma au dessus, chaque pédale ayant sa propre référence.
le problème du positive ground avec les alimentations
Les problèmes dus au positive ground ont commencé à apparaitre avec l’arrivée des alimentations pour pédales, et notamment des daisy chains. Ces alimentations permettent d’alimenter plusieurs pédales à partir d’une seule source de tension.
Comme on le voit sur les deux schémas de la Rangemaster, l’entrée et la sortie d’une pédale positive ground se réfèrent au 9V de l’alimentation. Le boitier de la pédale est donc connecté au 9V de l’alimentation, contrairement aux pédales negative ground. Lorsque l’on va brancher les deux pédales ensemble, le 9V et la masse de l’alimentation vont se retrouver connectés, créant ainsi un court circuit.
les solutions pour alimenter une pédale vintage positive ground
La solution la plus simple est d’alimenter la pédale comme prévu à l’époque, avec une pile. D’autant plus que de nombreuses pédales vintage n’ont pas de connecteurs pour alim externe !
Si tu as la possibilité de connecter une alimentation, alors il faudra utiliser une alimentation type 1Spot dédiée uniquement à cette pédale. Tu peux aussi utiliser des blocs d’alimentation, à condition que les sorties soient galvaniquement isolées les unes des autres, comme chez Cioks.
Enfin, certains fabricants utilisent un montage spécifique intégré à la pédale dit pompe de charge (charge pump en anglais), qui permet de générer une tension négative à partir d’une alimentation classique. Ces pédales peuvent ainsi être connectées à n’importe quelle alim, tout en ayant un circuit positive ground à l’intérieur. C’est ce que l’on a mis dans notre Germanium Boost, basée sur un circuit de treble booster germanium en positive ground.
le placement des pédales vintage dans le chainage des effets
Dans les années 60, on avait pour habitude de brancher la guitare directement dans l’ampli avec un câble. En effet, les systèmes sans fil n’existaient pas encore, et les premières pédales d’effets commençaient seulement à apparaitre. On utilisait donc au plus une ou deux pédales entre la guitare et l’ampli, à l’opposé des pedalboards immenses et complexes que l’on peut voir aujourd’hui.
le problème des impédances
L’électronique d’une guitare est un circuit qui parait simple à première vue, mais qui présente des caractéristiques assez complexes. Tout d’abord, le micro est composé d’une bobine de fil enroulée autour d’un aimant. Il a donc toutes les propriétés d’une inductance. Ensuite, la proximité entre chaque bobinage créé une capacité parasite, qui forme un filtre résonant avec l’inductance. Enfin, la longueur de fil utilisée a une certaine résistance, qui est non négligeable.
Une guitare a donc une haute impédance de sortie, qui va beaucoup interagir avec ce qui est branché après. Les premiers circuits (fuzz, treble booster, wah) étaient donc pensés pour matcher cette haute impédance, l’électronique de la guitare agissant comme une extension du circuit de la pédale.
Avec l’apparition de pédales d’effets de plus en plus nombreuses, des problèmes ont commencé à apparaitre en chainant plusieurs effets en série. Ce qui a poussé les fabricants à bufferiser l’entrée et la sortie des effets (toutes les pédales aujourd’hui ont une haute impédance d’entrée et une faible impédance de sortie).
Le schéma d’une Tube Screamer. On voit que la pédale intègre un buffer en entrée et en sortie, dont le seul but est d’adapter l’impédance, sans apporter le moindre traitement sonore. Source : Electrosmash.
L’avantage d’avoir des circuits bufferisés est qu’on peut en mettre autant que l’on veut et dans n’importe quel ordre, en garantissant toujours le même fonctionnement du circuit. Mais ce n’est pas le cas des circuits vintage, qui sont sensible à l’impédance. Brancher une pédale vintage après une pédale bufferisée qui a une impédance de sortie faible coupera donc le lien direct entre la guitare et la pédale. Ce qui aura pour conséquence de produire des aigus trop perçants, mais aussi un énorme souffle et un changement radical du comportement de la pédale.
les solutions pour placer une pédale vintage dans la chaine
La solution classique est de brancher une pédale vintage en premier, directement dans la guitare. Si on doit placer une autre pédale avant, il faut s’assurer qu’elle est true bypass, et ne pas l’utiliser en même temps que la pédale vintage. On évite aussi les systèmes sans fil et les guitares actives, qui intègrent un préampli agissant comme un buffer.
Une autre solution permettant de placer une pédale vintage n’importe où est d’utiliser un circuit simulant l’impédance d’un micro. Avec un transformateur et quelques composant, on peut reproduire toutes les caractéristiques d’un micro de guitare, tout en plaçant ce que l’on veut avant. C’est pourquoi on a intégré ce simulateur directement dans la Germanium Boost, permettant de placer le treble booster à n’importe quel endroit !
le bypass bufferisé des pédales vintage et le true bypass
le bypass des pédales vintage
Les premières pédales d’effets étaient d’une simplicité extrême, et la technologie du bypass pour désactiver l’effet ne faisait pas exception. La solution la plus simple était de séparer le chemin en 2 à l’entrée de l’effet, dont un passant par l’effet. Ensuite, il suffisait juste de commuter la sortie pour choisir le premier chemin sans effet, ou le second avec l’effet. C’est la solution la plus simple, nécessitant un switch unique, facile à trouver à l’époque.
Sur ce schéma de la Maestro FZ-1, on voit que le footswitch ne commute que la sortie. L’entrée reste toujours connectée à la guitare, et va donc interagir en permanence avec l’impédance de la guitare. Ce qui va avoir une influence sur le son, comparé à si la guitare était connectée directement à l’ampli. Autre particularité de la FZ-1, un second contact permet de couper l’alimentation lorsqu’on choisit de ne pas passer par l’effet, ce qui n’est pas forcément le cas sur les autres pédales.
À l’époque, on ne se souciait donc pas de l’influence du circuit lorsque l’effet était désactivé. Un des exemples les plus flagrants est l’Uni-Vibe, qui lorsqu’on la désactive, ne contourne pas le circuit, mais coupe simplement la partie LFO responsable de l’oscillation de l’effet. On se retrouve ainsi avec un effet comparable à une vibe fixe, qui n’oscille plus, mais qui affecte toujours le signal.
l’arrivée du true bypass et du buffered bypass
Encore une fois, le vrai problème a commencé à apparaitre avec l’apparition de pédales de plus en plus nombreuses. A force d’enchainer des pédales qui colorent le son, le signal se voyait de plus en plus dégradé. L’idée de rajouter un second switch à l’entrée de la pédale est donc apparue, permettant de déconnecter complètement le circuit en le contournant. On commute ainsi le signal en entrée et en sortie en même temps, c’est le principe du true bypass.
Là encore, la solution n’est pas parfaite, car on se retrouve avec 2 fois plus de contacts, qui peuvent détériorer légèrement la qualité du signal, surtout avec de nombreuses pédales branchées à la chaine. On a aussi des impédances qui peuvent varier d’une pédale à l’autre et interagir différemment avec la guitare suivant la pédale qui est activée.
C’est comme ça que l’on a vu apparaitre le buffered bypass, que l’on trouve chez Boss ou encore Ibanez avec la Tube Screamer. Le buffered bypass consiste à contourner le circuit de l’effet, tout en conservant les buffers d’entrée et sortie. Le signal n’est donc pas true bypass, mais permet de conserver un buffer qui a été pensé pour interagir le moins possible avec l’impédance de la guitare, tout en évitant les pertes dans les longs câbles.
hardwire bypass des pédales vintage, true bypass, et buffered bypass. source : stinkfoot.se
Les bypass bufferisés modernes sont donc réfléchis dans le but d’éviter les pertes, mais il n’est pas non plus nécessaire d’en avoir plusieurs à la suite, car ils peuvent amener un léger souffle, qui sera d’autant plus fort qu’il y a de pédales bufferisées. D’où l’intérêt de privilégier un buffer unique en début de chaine dédié uniquement à cette application, puis de n’utiliser que des pédales true bypass.
désactiver une pédale vintage
On comprend donc mieux pourquoi on voit de nombreux mod true bypass sur certaines pédales vintage. C’est une modification assez facile à faire et qui ne change en rien le caractère de l’effet, tout en permettant de le déconnecter complètement. On peut aussi choisir de conserver volontairement le bypass d’origine pour colorer le signal, comme l’Uni-Vibe qui produit une sorte de boost avec de légers mediums.
Pour ajouter un true bypass sans modifier la pédale, il y a toujours la solution d’utiliser un switcher. Il y a même certaines pédales dont le seul but est de proposer un true bypass avec une boucle d’effet, pour insérer la pédale ne disposant pas de true bypass. Dans les deux cas, il faudra veiller à ce que la boucle ne soit pas bufferisée, et que rien n’est placé avant, pour que la pédale puisse interagir avec l’impédance de la guitare.
conclusion
Avec ces informations, tu as maintenant tout le nécessaire pour tirer le meilleur de tes pédales vintage ! Pour résumer, les pédales germanium ont souvent besoin d’une alimentation dédiée, ou d’un bloc d’alim parfaitement isolé. La pile reste le moyen le plus sûr pour alimenter ces pédales correctement. On évite également les buffers, systèmes sans fil, guitares actives ou tout autre appareil qui coupe la connexion directe entre la guitare et la pédale. Enfin, la plupart des pédales vintage colorent le son même désactivées. Le résultat peut être intéressant, mais dans le cas contraire, on peut utiliser un switcher ou une pédale de bypass passive pour déconnecter complètement l’effet.
N’hésite pas à nous partager les plus belles photos de ton board avec des pédales d’époque, pour voir comment tu les a branché suivant ton utilisation !
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Pédales vintage : comment bien les brancher et les utiliser ?
Si tu t’es déjà renseigné sur certaines pédales vintage, tu as sûrement dû entendre parler de positive ground, de brancher la pédale en premier après la guitare, ou encore de les alimenter uniquement par pile. Dans cet article, on va t’expliquer d’où viennent ces règles, et comment faire pour utiliser une pédale d’effet vintage de manière optimale.
l’alimentation des pédales vintage et le positive ground
qu’est ce que le positive ground ?
Les premières pédales d’effets ont commencé à apparaitre dans les années 60. A cette époque, le germanium était largement utilisé pour la fabrication de transistors, avant l’utilisation du silicium qui présente de nombreux avantages supplémentaires. On a donc naturellement vu apparaitre les premiers circuits de pédales avec des transistors germanium. Ces transistors étaient à l’époque plus faciles à produire en format PNP, c’est à dire fonctionnant avec un courant négatif sur leur base.
Une des particularités des transistors PNP est que l’on doit utiliser une alimentation négative pour obtenir ce courant négatif. L’idée est de prendre comme tension de référence la borne positive de l’alimentation dans tout le circuit, et de considérer que la borne négative est donc une tension négative de -9V.
Source : Electrosmash.
Ça ne parait pas intuitif, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une tension a toujours besoin d’être exprimée par rapport à une référence. Dans une pile 9V, dire que la borne (+) fait 9V n’a pas de sens. La bonne formulation serait de dire que la borne (+) est de 9V supérieure à la borne (-). On peut donc très bien considérer que la borne (+) est notre référence (0V), et dans ce cas, la borne (-) est 9V en dessous, donc à -9V.
En gros, dans le premier montage, la pile est connectée dans le sens inverse par rapport au second montage. Chaque pédale ayant sa propre pile, elles sont donc isolées les unes des autres, permettant à chaque pédale d’avoir sa propre référence.
La pile de gauche est référencée par rapport à sa borne (-). On obtient donc +9V sur sa borne (+). La pile de droite est référencée par rapport à sa borne (+). On obtient donc -9V sur sa borne (-). Brancher une pédale positive ground avec une pédale negative ground revient donc à connecter les deux piles comme dans le schéma au dessus, chaque pédale ayant sa propre référence.
le problème du positive ground avec les alimentations
Les problèmes dus au positive ground ont commencé à apparaitre avec l’arrivée des alimentations pour pédales, et notamment des daisy chains. Ces alimentations permettent d’alimenter plusieurs pédales à partir d’une seule source de tension.
Comme on le voit sur les deux schémas de la Rangemaster, l’entrée et la sortie d’une pédale positive ground se réfèrent au 9V de l’alimentation. Le boitier de la pédale est donc connecté au 9V de l’alimentation, contrairement aux pédales negative ground. Lorsque l’on va brancher les deux pédales ensemble, le 9V et la masse de l’alimentation vont se retrouver connectés, créant ainsi un court circuit.
les solutions pour alimenter une pédale vintage positive ground
La solution la plus simple est d’alimenter la pédale comme prévu à l’époque, avec une pile. D’autant plus que de nombreuses pédales vintage n’ont pas de connecteurs pour alim externe !
Si tu as la possibilité de connecter une alimentation, alors il faudra utiliser une alimentation type 1Spot dédiée uniquement à cette pédale. Tu peux aussi utiliser des blocs d’alimentation, à condition que les sorties soient galvaniquement isolées les unes des autres, comme chez Cioks.
Enfin, certains fabricants utilisent un montage spécifique intégré à la pédale dit pompe de charge (charge pump en anglais), qui permet de générer une tension négative à partir d’une alimentation classique. Ces pédales peuvent ainsi être connectées à n’importe quelle alim, tout en ayant un circuit positive ground à l’intérieur. C’est ce que l’on a mis dans notre Germanium Boost, basée sur un circuit de treble booster germanium en positive ground.
le placement des pédales vintage dans le chainage des effets
Dans les années 60, on avait pour habitude de brancher la guitare directement dans l’ampli avec un câble. En effet, les systèmes sans fil n’existaient pas encore, et les premières pédales d’effets commençaient seulement à apparaitre. On utilisait donc au plus une ou deux pédales entre la guitare et l’ampli, à l’opposé des pedalboards immenses et complexes que l’on peut voir aujourd’hui.
le problème des impédances
L’électronique d’une guitare est un circuit qui parait simple à première vue, mais qui présente des caractéristiques assez complexes. Tout d’abord, le micro est composé d’une bobine de fil enroulée autour d’un aimant. Il a donc toutes les propriétés d’une inductance. Ensuite, la proximité entre chaque bobinage créé une capacité parasite, qui forme un filtre résonant avec l’inductance. Enfin, la longueur de fil utilisée a une certaine résistance, qui est non négligeable.
Une guitare a donc une haute impédance de sortie, qui va beaucoup interagir avec ce qui est branché après. Les premiers circuits (fuzz, treble booster, wah) étaient donc pensés pour matcher cette haute impédance, l’électronique de la guitare agissant comme une extension du circuit de la pédale.
Avec l’apparition de pédales d’effets de plus en plus nombreuses, des problèmes ont commencé à apparaitre en chainant plusieurs effets en série. Ce qui a poussé les fabricants à bufferiser l’entrée et la sortie des effets (toutes les pédales aujourd’hui ont une haute impédance d’entrée et une faible impédance de sortie).
L’avantage d’avoir des circuits bufferisés est qu’on peut en mettre autant que l’on veut et dans n’importe quel ordre, en garantissant toujours le même fonctionnement du circuit. Mais ce n’est pas le cas des circuits vintage, qui sont sensible à l’impédance. Brancher une pédale vintage après une pédale bufferisée qui a une impédance de sortie faible coupera donc le lien direct entre la guitare et la pédale. Ce qui aura pour conséquence de produire des aigus trop perçants, mais aussi un énorme souffle et un changement radical du comportement de la pédale.
les solutions pour placer une pédale vintage dans la chaine
La solution classique est de brancher une pédale vintage en premier, directement dans la guitare. Si on doit placer une autre pédale avant, il faut s’assurer qu’elle est true bypass, et ne pas l’utiliser en même temps que la pédale vintage. On évite aussi les systèmes sans fil et les guitares actives, qui intègrent un préampli agissant comme un buffer.
Une autre solution permettant de placer une pédale vintage n’importe où est d’utiliser un circuit simulant l’impédance d’un micro. Avec un transformateur et quelques composant, on peut reproduire toutes les caractéristiques d’un micro de guitare, tout en plaçant ce que l’on veut avant. C’est pourquoi on a intégré ce simulateur directement dans la Germanium Boost, permettant de placer le treble booster à n’importe quel endroit !
le bypass bufferisé des pédales vintage et le true bypass
le bypass des pédales vintage
Les premières pédales d’effets étaient d’une simplicité extrême, et la technologie du bypass pour désactiver l’effet ne faisait pas exception. La solution la plus simple était de séparer le chemin en 2 à l’entrée de l’effet, dont un passant par l’effet. Ensuite, il suffisait juste de commuter la sortie pour choisir le premier chemin sans effet, ou le second avec l’effet. C’est la solution la plus simple, nécessitant un switch unique, facile à trouver à l’époque.
Sur ce schéma de la Maestro FZ-1, on voit que le footswitch ne commute que la sortie. L’entrée reste toujours connectée à la guitare, et va donc interagir en permanence avec l’impédance de la guitare. Ce qui va avoir une influence sur le son, comparé à si la guitare était connectée directement à l’ampli. Autre particularité de la FZ-1, un second contact permet de couper l’alimentation lorsqu’on choisit de ne pas passer par l’effet, ce qui n’est pas forcément le cas sur les autres pédales.
À l’époque, on ne se souciait donc pas de l’influence du circuit lorsque l’effet était désactivé. Un des exemples les plus flagrants est l’Uni-Vibe, qui lorsqu’on la désactive, ne contourne pas le circuit, mais coupe simplement la partie LFO responsable de l’oscillation de l’effet. On se retrouve ainsi avec un effet comparable à une vibe fixe, qui n’oscille plus, mais qui affecte toujours le signal.
l’arrivée du true bypass et du buffered bypass
Encore une fois, le vrai problème a commencé à apparaitre avec l’apparition de pédales de plus en plus nombreuses. A force d’enchainer des pédales qui colorent le son, le signal se voyait de plus en plus dégradé. L’idée de rajouter un second switch à l’entrée de la pédale est donc apparue, permettant de déconnecter complètement le circuit en le contournant. On commute ainsi le signal en entrée et en sortie en même temps, c’est le principe du true bypass.
Là encore, la solution n’est pas parfaite, car on se retrouve avec 2 fois plus de contacts, qui peuvent détériorer légèrement la qualité du signal, surtout avec de nombreuses pédales branchées à la chaine. On a aussi des impédances qui peuvent varier d’une pédale à l’autre et interagir différemment avec la guitare suivant la pédale qui est activée.
C’est comme ça que l’on a vu apparaitre le buffered bypass, que l’on trouve chez Boss ou encore Ibanez avec la Tube Screamer. Le buffered bypass consiste à contourner le circuit de l’effet, tout en conservant les buffers d’entrée et sortie. Le signal n’est donc pas true bypass, mais permet de conserver un buffer qui a été pensé pour interagir le moins possible avec l’impédance de la guitare, tout en évitant les pertes dans les longs câbles.
Les bypass bufferisés modernes sont donc réfléchis dans le but d’éviter les pertes, mais il n’est pas non plus nécessaire d’en avoir plusieurs à la suite, car ils peuvent amener un léger souffle, qui sera d’autant plus fort qu’il y a de pédales bufferisées. D’où l’intérêt de privilégier un buffer unique en début de chaine dédié uniquement à cette application, puis de n’utiliser que des pédales true bypass.
désactiver une pédale vintage
On comprend donc mieux pourquoi on voit de nombreux mod true bypass sur certaines pédales vintage. C’est une modification assez facile à faire et qui ne change en rien le caractère de l’effet, tout en permettant de le déconnecter complètement. On peut aussi choisir de conserver volontairement le bypass d’origine pour colorer le signal, comme l’Uni-Vibe qui produit une sorte de boost avec de légers mediums.
Pour ajouter un true bypass sans modifier la pédale, il y a toujours la solution d’utiliser un switcher. Il y a même certaines pédales dont le seul but est de proposer un true bypass avec une boucle d’effet, pour insérer la pédale ne disposant pas de true bypass. Dans les deux cas, il faudra veiller à ce que la boucle ne soit pas bufferisée, et que rien n’est placé avant, pour que la pédale puisse interagir avec l’impédance de la guitare.
conclusion
Avec ces informations, tu as maintenant tout le nécessaire pour tirer le meilleur de tes pédales vintage ! Pour résumer, les pédales germanium ont souvent besoin d’une alimentation dédiée, ou d’un bloc d’alim parfaitement isolé. La pile reste le moyen le plus sûr pour alimenter ces pédales correctement. On évite également les buffers, systèmes sans fil, guitares actives ou tout autre appareil qui coupe la connexion directe entre la guitare et la pédale. Enfin, la plupart des pédales vintage colorent le son même désactivées. Le résultat peut être intéressant, mais dans le cas contraire, on peut utiliser un switcher ou une pédale de bypass passive pour déconnecter complètement l’effet.
N’hésite pas à nous partager les plus belles photos de ton board avec des pédales d’époque, pour voir comment tu les a branché suivant ton utilisation !